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Bruno Blum

"Nuage d'Éthiopie"

Bruno Blum était un jeune adolescent quand il est parti vivre à Londres en 1976. Il habitait à Stoke Newington, un quartier du nord-est où vivent des milliers de Jamaïcains.

"À l'époque j'étais absolument le seul Blanc à fréquenter le sound system du Phœbus Club, et avec ce qui me restait des £50 par semaine que m'envoyait ma mère, j'achetais de précieux 45 tours de reggae importés par le magasin spécialisé R & B Records. Il était vraiment rare qu'un non-Jamaïcain s'intéresse au reggae. Même dans ce coin de Londres. Alors un Français…"

Si l'on excepte Bob Marley qui venait de percer, de ce temps-là presque personne ne connaissait cette musique en France. À Londres dans son premier groupe (punk) Bruno Blum jouait de la basse (avec deux métis : un Anglais, et un Français) et pour le plaisir jouait déjà du reggae et du ska avec eux.

"J'ai même commencé à apprendre le patois jamaïcain. Et puis je me suis mis à écrire sur le rock et le reggae pour la presse française, ce qui a toujours fait un peu d'ombre à ma carrière de musicien. Mais le reggae est en moi depuis."

Cette musique l'a toujours habité et en 1989, Blum enregistre pour la première fois en Jamaïque. C'était avec les musiciens de Ziggy Marley. Il a même sorti un 45 tours en français là-bas ! Depuis, ses aventures en Jamaïque continuent, notamment avec le "War Album" réalisé avec les Wailers. Bruno Blum a compris qu'un jour il devrait écrire et enregistrer un authentique album de reggae.

"Mais les Rastas m'ont appris à regarder d'où je viens. À connaître mes racines. Et mon identité est française, comme ma langue. J'ai donc essayé d'éviter les habituels clichés reggae et la vulgarité des anglicismes. Ma culture à moi c'est Boris Vian, Henri Salvador, Dutronc, Gainsbourg, Antoine, Rimbaud. Ajoutons Brassens, MC Solaar, Renaud, Eudeline, Bashung… ça se sent sûrement un peu. Ce disque est absolument sincère. Il vient de mon cœur."

Avec quelques chansons… personnelles, et même parfois intimes, Blum raconte sa vie dans le quartier très cosmopolite de Belleville, à Paris, dans son style bien à lui.

"J'espère que ce CD vous emmènera loin dans mon délire franco-jamaïco-éthiopien. Pour ceux qui préfèrent quand il y a moins de paroles, il reste les dubs, remixés directement, en temps réel, à la vraie manière des faces B jamaïcaines."

La plupart des morceaux ont été écrits et enregistrés avec des copines, des amis, généralement de purs musiciens afro-caribéens des banlieues de Paris (Orly, Draveil, Juvisy, Les Lilas, Boulogne, etc…). Le reggae authentique est au cœur de leur vie, il compte beaucoup pour eux, et ça s'entend sur le mystique "Nuage d'Éthiopie" ou l'original "Des Couleurs". Blum connaît son affaire. Quelques amis un peu plus connus ont aussi participé, comme Jeff De Paris, un chanteur rasta qui co-signe "La Martiniquaise".

"Ado, j'étais un fan de Clash, et à Londres j'ai bien connu Mick Jones, qui chantait avec eux la version originale de "Si je reste", un morceau que j'ai toujours adoré. Je l'ai enregistré avec la belle Annabelle Mouloudji, une chanteuse de jazz, au contrechant. Mes "Bien plus érotique" et "Sous la douche" ont été créés et arrangés à Studio One, à Kingston, avec le légendaire producteur Clement 'Coxsone' Dodd et ses musiciens. Puis je les ai ré-enregistrés ici."

Blum a aussi eu la chance d'enregistrer en Jamaïque avec les survivants des Wailers, et à cette occasion de mettre en musique une lettre de Rimbaud écrite d'Éthiopie à sa mère. Ce qui semble pour le moins approprié puisque les Rastas jamaïcains considèrent l'Éthiopie comme étant la terre promise de leurs ancêtres.

"On ne parle de l'Éthiopie qu'en cas de famine ou de guerre, alors voilà qui change un peu, puisque dans cette missive à sa mère, le jeune Arthur a l'air de bien se plaire là-bas. J'espère que vous passerez un bon moment si vous avez la patience d'écouter tout ça ! Mais si vous l'écoutez, écoutez-le fort !"

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